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Une exigence de démocrates inspire la création de notre site ethique-pandemie.com

Chacun a été certes pris par le temps, surpris par l’irruption brutale de cette déferlante, mais davantage encore confronté à l’intensité d’un impensable auquel rien ne nous préparait parce que personne n’y croyait.
Les circonstances actuelles avivent le questionnement éthique. Face à l’extrême et à l’impensable, quelles sont les valeurs où enraciner notre volonté d’engagement ? Il nous faut une capacité de discernement et une intelligence du réel pour préserver ce qui nous est essentiel. Nos principes d’humanités sont défiés et notre société est exposée au vif de ses vulnérabilités. Comment assumer nos responsabilités alors qu’il y a urgence à agir, si ce n’est en affirmant ce à quoi nous sommes attachés de manière inconditionnelle ?

Si les pratiques sociales habituelles sont nécessairement adaptées aux menaces de contamination et aux contraintes du confinement, pour autant rares sont ceux qui ont renoncé à assumer leurs engagements.
Cette pandémie nous soumet, à tous les niveaux de la vie sociale, à des obligations, à des contraintes et à des dilemmes que rien ne nous a permis d’anticiper. Il nous faut pourtant faire face et consentir à des choix personnels et collectifs arbitrés selon des critères qui heurtent parfois ce qui nous est le plus précieux.

Comment assumer nos responsabilités alors qu’il y a urgence à agir, si ce n’est en affirmant ce à quoi nous sommes attachés de manière inconditionnelle ?

Les menaces de contamination et les contraintes du confinement ne nous défaussent pas d’une analyse critique de ce qui a été décidé, trop souvent pas défaut, afin de parer l’impréparation. Tant d’espaces relégués de notre société ont vécu l’inacceptable : les établissements accueillant les personnes en situation de handicap, de précarité sociale, les hôpitaux psychiatriques ou les lieux de détention. Jamais les plus isolés et les personnes sans abri n’ont éprouvé semblable exil. Les « pratiques dégradées » ont imposé à tant de niveaux décisionnels les logiques du triage, sans même que les choix aient pu s’établir selon des règles explicites.

Comment faire au moins mal, tenter de maintenir un lien de sens, ne pas se résoudre à tolérer l’inacceptable en innovant dans les pratiques, afin de convenir ensemble de réponses à hauteur de notre humanité ? Je constate au quotidien une mobilisation, un esprit d’engagement et de dévouement et une créativité : autant d’expressions d’une exigence éthique en acte. vif de ses vulnérabilités. Comment assumer nos responsabilités alors qu’il y a urgence à agir, si ce n’est en affirmant ce à quoi nous sommes attachés de manière inconditionnelle ?

Que l’on fasse confiance à l’expérience, à l’expertise et à l’agilité des professionnels, des membres d’associations, de nos corps intermédiaires, au même titre qu’à notre intelligence collective !

Qu’en est-il du respect de la personne dans sa dignité et son intégrité si l’on attente, pour des raisons estimées supérieures à ses droits fondamentaux ? Comment peut-on exercer le soin, témoigner du souci de l’autre dès lors que des prescriptions administratives révoqueraient l’esprit du soin ? Des affirmations péremptoires, et pas seulement à propos du recours préventifs des masques, ont été contestées du fait de leurs justifications aléatoires, conjoncturelles et évolutives.

La crédibilité publique en a été profondément affectée. Même en situation de crise la concertation s’impose donc dans l’arbitrage des décisions. Que l’on ne justifie pas de mesures arbitraires par un manque de temps, alors que la responsabilité du déficit d’anticipation ne peut pas être imputée à ceux qui en subissent les plus lourdes conséquences. Que l’on fasse confiance à l’expérience, à l’expertise et à l’agilité des professionnels, des membres d’associations, de nos corps intermédiaires, au même titre qu’à notre intelligence collective !

Notre cohésion s’exprime et se renforce à travers tant d’initiatives responsables, tant d’actes de solidarité, tant de manifestation de sollicitude à l’égard des plus vulnérables parmi nous.

Je suis fier de la force de notre démocratie dans sa confrontation aux aspects humains et sociaux de la pandémie. Notre nation se révèle dans ces circonstances extrêmes qui d’une certaine manière la mettent à nue, en dévoilent ce qui lui est constitutif. Nous découvrons avec d’autant plus d’étonnement ce dont les récentes crises sociales pouvaient nous inciter à douter. Nous faisons société. Notre cohésion s’exprime et se renforce à travers tant d’initiatives responsables, tant d’actes de solidarité, tant de manifestation de sollicitude à l’égard des plus vulnérables parmi nous.
Les responsables de l’État ont pris l’engagement de n’abandonner personne sur le bord du chemin dont on comprend qu’il est escarpé et davantage périlleux encore pour ceux qui sont le plus en difficulté. Il leur faudra tenir leurs engagements.

Nous devrons soutenir et accompagner des décisions qui imposeront des contraintes que chacun devra partager.
C’est en démocrates qu’il nous faut vivre ce temps de pandémie, assumer nos responsabilités et penser à ce que sera notre société après. Exprimer une considération à l’égard des professionnels quelque soit leur position dans notre protection et la continuité de la vie publique, prendre soin d’imposer dans nos priorités la sauvegarde des personnes en situation de dépendance, de détresse sociale, d’exclusion, au même titre que développer les stratégie de soutien à l’économie de la nation, c’est donner à comprendre que nous luttons ensemble pour puiser ensemble la force de s’en sortir et de repenser notre société.

Il convient de tout faire pour que le Covid-19 ne contamine pas notre vie démocratique alors qu’il doit au contraire en aviver les significations.

Nous ne pouvons pas nous permettre la défiance au cœur de la pandémie. S’il y a des leçons à tirer, elles nous engageront collectivement. Il convient de tout faire pour que le Covid-19 ne contamine pas notre vie démocratique alors qu’il doit au contraire en aviver les significations. Il est certes plus délicat d’assumer les choix politiques dans la lutte contre une pandémie en démocratie, plutôt que dans le cadre d’un régime totalitaire. Mais j’estime que jusqu’à présent notre société n’a pas à envier à d’autres l’exemplarité dont elle fait preuve.

Nous apprenons beaucoup de ces moments de souffrance, d’inquiétude mais aussi d’engagements et de don de soi. Je n’ai jamais été un théoricien de l’éthique tant je suis respectueux de ces expressions d’une éthique incarnée au quotidien dans des réalités qui convoquent l’humain en ce qu’il a de plus de précieux. Ces actes d’humanité brute dont nous sommes chaque jour les témoins, nous donnent à penser qu’ils enrichiront l’éthique d’une intelligence et d’une sensibilité dont il nous faudra être collectivement les garants.

Surmonter le Covid-19 et refonder notre modèle social ne sera possible que si le principe de confiance est au cœur de l’action publique.

Autant la puissance publique est légitime à mettre en œuvre une politique cohérente et volontariste de lutte contre cette pandémie, autant confrontée à l’inconnu et à des menaces qui ne peuvent être contrées qu’en faisant société, il lui faut comprendre que c’est ensemble que doit se penser notre mobilisation.
Surmonter le Covid-19 et refonder notre modèle social ne sera possible que si le principe de confiance est au cœur de l’action publique.

Chacun doit être reconnu dans sa capacité de contribuer à l’arbitrage des choix collectifs dont il devra assumer la responsabilité dans ses engagements. La concertation saura d’autant plus intense et contributive que nombre d’entre nous ne demandent qu’à partager leurs réflexions, à aller plus avant encore dans leurs initiatives solidaires, et à contribuer en démocrates au bien commun.
Cette exigence éthique inspire la création de notre site ethique-pandemie.com

Emmanuel Hirsch

Fondateur du site ethique-pandemie.com, professeur d’éthique médicale Université Paris-Saclay

Comment assumer nos responsabilités alors qu’il y a urgence à agir, si ce n’est en affirmant ce à quoi nous sommes attachés de manière inconditionnelle ?