La santé du troupeau

Est-il légitime de privilégier de façon exclusive une problématique médicale de la crise, fût-ce une crise sanitaire, quand celle-ci bouleverse le mode de vie de toute une société ? N’assiste-t-on pas ici à un effacement de la responsabilité politique, à une fuite en avant vers un biopouvoir accordant à la santé du troupeau la priorité sur le contrat social ?

Peut-on rationaliser la crise du Covid-19 ?

C’est chose curieuse que le virus du Covid-19 s’arrête aux murs mais pas aux frontières. Le confinement nous invite à réfléchir aux limites (finis), qu’elles soient réelles ou imaginées. A ce titre, la représentation collective de la crise du Covid-19 en nombre de vies humaines et points de PIB mérite d’être interrogée. La présente réflexion se donne pour objet cette rationalisation, qui est d’abord celle des gouvernants. Elle cherche à en détricoter les fils, à en explorer les conditions de possibilité tant historiques que techniques, afin d’expliquer pourquoi la crise du Covid-19 est rationalisée selon ces termes. Enfin, elle tente de mettre en évidence les solidarités qui résistent à la crise, aux frontières et aux murs.

Le civisme est un héroïsme

La crise sanitaire liée au Covid-19 est l’occasion pour tous les individus de toutes les nations touchées par ce virus de contribuer à limiter sa propagation en faisant preuve de civisme, tant par leur statut social, que leur rôle de citoyen et leur fonction professionnelle.

Par-delà l’urgence sanitaire, construire un sens partagé de l’action

La distanciation, l’isolement et le confinement, mesures sanitaires coercitives, sont venues percuter les libertés et les droits fondamentaux, les valeurs de justice et d’équité notamment, et le fonctionnement même de la démocratie. Certaines des mesures prises ont sévèrement, et pour longtemps, été d’une extrême violence par la tension insupportable qu’elles ont installée avec les principes éthiques de la bienfaisance et de la non-malfaisance. Il nous faut retrouver ensemble un sens partagé de l’action et de l’accompagnement, que les politiques publiques doivent porter.

Ce que le monde du grand handicap nous apprend de la résistance

Une fois encore, les leçons nous viennent du monde du grand handicap. Ces personnes, que l’on croit si fragiles et si démunies, ont tout à nous apprendre, et d’abord la résistance. À l’usure, à l’ennui, à la tristesse. Résistance silencieuse, obstinée, sur tous les fronts. Leur vulnérabilité est extrême. Leur goût de la vie aussi.

Les impacts de la pandémie et de sa gestion sur la santé et les droits des personnes détenues : premiers axes de réflexion

Dans un temps de crise pandémique où les phénomènes de panique sociale tendent à rétrécir le champ des préoccupations, il est essentiel de souligner le caractère vulnérable des personnes incarcérées. La sauvegarde des principes éthiques de l’action soignante, la préservation de ses moyens d’intervention, l’information fiable aux personnes détenues et la prévention des conséquences de la crise sociale sont des enjeux immédiatement identifiables.

Résister au sentiment d’impuissance. Ou la désillusion par le Covid-19

Confrontés à une situation qui éveille en nous un sentiment d’impuissance, il est tentant de rappeler l’euphorie transhumaniste célébrant comme salvatrice la perte humaine des commandes qui résulterait du triomphe de l’intelligence artificielle. Entre deux immaîtrises, ne faudrait-il pas mieux choisir celle qui préserve en nous l’humanité ?

La pandémie du Covid-19, un moment éthique et politique

La pandémie du Covid-19 constitue à la fois un moment éthique et politique. Éthique car elle nous invite à réfléchir aux questions fondamentales qu’elle soulève ; politique car elle nous fait prendre conscience de nos responsabilités en tant que citoyens.

Le médecin par temps de crise : une figure de la « prudence » aristotélicienne ?

En ces temps de crise, la « prudence aristotélicienne » permet de réfléchir dans l’urgence. Entre scepticisme désespérant et dogmatisme arrogant, elle est la juste mesure de la sagesse hippocratique. Intelligence dans l’action, pragmatique en restant réfléchie, cette « prudence » est tout sauf tiède, et peut aider les soignants d’aujourd’hui.